mardi 15 mai 2012

La tragédie du Malawi : Pourquoi ?

Dans un article intitulé “Le Malawi franchit le cap des mille salles du Royaume” paru dans la le Réveillez-Vous! de mai 2012, la Watchtower évoque une époque pas si lointaine où de cruelles persécutions se sont abattues sur les Témoins de Jéhovah de ce pays. (voir extrait ici)


Outre le fait que l'article ne s'étend pas sur l'intensité des violences qu'ont subies ces Témoins, on ne sera pas surpris que ne soit pas dévoilée la part de responsabilité que porte la Watchtower dans leurs souffrances.


Je me souviens dans ma jeunesse avoir parcouru, épouvanté, le récit détaillé dans les publications de ce que mes frères chrétiens avaient dû endurer. Le Réveillez-Vous! du 22 mars  1976 p. 3 résumait la situation ainsi :
“On se souvient que des conditions semblables existaient dans l’Allemagne nazie, où des milliers de témoins de Jéhovah ont subi l’emprisonnement et la mort. En fait, la situation est pire au Malawi, qui a établi ses propres camps de concentration pour les témoins de Jéhovah. On a été jusqu’à arracher les enfants, même des bébés, à leurs parents. Pourquoi agit-on de la sorte ?”

Oui, en effet, pourquoi ?

L'article poursuit :

“L’attitude des témoins est due à leurs convictions religieuses basées sur la Bible et sur les enseignements de Jésus Christ, qui a déclaré que ses disciples ne faisaient “pas partie du monde”. (Jean 15:17-19.) Leur conscience ne leur permet donc pas d’acheter une carte les déclarant membres du parti politique dirigeant du Malawi, le parti du Congrès. À cause de cela, on les traite comme s’ils méritaient moins de considération que les animaux.”

Vous avez bien lu, il s'agit d'une carte “du parti politique dirigeant du Malawi” ! Autrement dit, une formalité obligatoire au même titre que l'obligation pour tout citoyen d'avoir aujourd'hui une carte d'électeur !

Le même paragraphe indique que ces Témoins obéissaient à “leur conscience”. Est-ce exact ?

Absolument pas. Dans les faits, c'est la Watchtower, par l'intermédiaire de sa filiale au Malawi, qui a imposé sa décision aux consciences des Témoins. Lesquels étaient placés devant un choix fort simple : obéir aux consignes de la Watchtower ou être excommuniés, avec toutes les conséquences sociales qui en découlent.

Durant la même période, les Témoins de Jéhovah responsables de l'œuvre au Mexique ont demandé au Collège Central à Brooklyn s'il était convenable que les conscrits Chrétiens puissent verser des pots-de-vin à l'administration pour échapper au service militaire, une pratique illégale devenue courante, y compris parmi les Témoins. Voici un extrait de la réponse officielle de la Watchtower, traduite de l'anglais, en date du 2 juin 1960 :
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 “En ce qui concerne les personnes qui se retrouvent dégagées de l’instruction militaire grâce à une transaction financière impliquant des fonctionnaires, cela va de pair avec ce qui est pratiqué dans d’autres pays d’Amérique Latine où les frères payent des responsables militaires afin d’être relevés de leurs obligations, ceci en vue de garder leur liberté pour les activités théocratiques. (…) Si la conscience de certains frères leur permet d’accepter de tels arrangements pour conserver leur liberté, nous n’y voyons aucune objection.”


En 1964, quatre ans après que ces directives furent données au Mexique, la première vague d’attaques violentes contre les Témoins de Jéhovah  au  Malawi  éclata. L'achat de la carte du parti au pouvoir y fut jugé comme une violation de la neutralité chrétienne, un compromis indigne d’un véritable Chrétien. Après une brève accalmie,  les violences reprirent en 1967 de manière si féroce que les maisons et les récoltes des Témoins furent brûlées, leurs filles et leurs femmes furent violées par milliers, et quelques 20.000 d'entre eux durent fuir dans les pays voisins et vivre dans des camps de réfugiés.


Comment ne pas voir là 2 poids, 2 mesures, de la part de la Watchtower : d'un côté, une grande largesse de conscience autorisant les Témoins mexicains à braver la loi en soudoyant les autorités pour préserver leur disponibilité dans les congrégations, et de l'autre une inflexibilité extrême poussant les Témoins malawiens à transgresser la loi au prix de leur vie !

En 1969,  la filiale de Mexico envoya un autre courrier au siège pour s'assurer que la grande latitude qui leur était allouée par la Watchtower était toujours d'actualité. Voici la réponse qui leur fut faite le 5 septembre 1969,  dans un courrier dicté par le Président de la Watchtower en personne :

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“Il n’y a rien de plus qui puisse être ajouté. Ce sont ces frères qui porteront la responsabilité de leur éventuelle mobilisation, et selon la décision qu’ils prendront, il sera toujours assez tôt, le cas échéant, pour prendre des mesures. En attendant, ces frères qui se sont fait enregistrer et qui ont versé de l’argent, sont libres d’aller de l’avant dans le service [pour la congrégation]. Ce n’est pas que nous donnons notre approbation en cette matière, mais c’est leur conscience et pas la nôtre qui les a autorisé à agir de cette manière. Si leur conscience leur permet de faire ce qu’ils ont fait et qu’ils n’acceptent aucun compromis, alors ne vous préoccupez plus de cette question.”


Quel prix la Watchtower accorde-t-elle réellement aux consciences individuelles ? Visiblement, sa valeur est très fluctuante. Même la loi de César a peu de poids face aux décisions arbitraires de Brooklyn !

Il ne fait aucun doute que si cette information était connue des Témoins de Jéhovah du Malawi, s'ils pouvaient découvrir avec quelle légèreté et quel aplomb la Watchtower, qui se réclame “canal exclusif de Dieu pour les humains”, est capable de prendre en otage des consciences et des vies humaines, ils sauraient alors combien le contenu du trophée des 1030 Salles du Royaume, fièrement brandi par le Collège Central dans leur pays, a un goût amer, un goût de terreur, de violence et de sang.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Combien comme moi avons écrit aux dirigeants du Malawi - chose que je ne regrette pas.

Si les tjs du Malawi l'avaient su que de vies épargnées et combien nous étions crédules . Que découvrirons nous encore ?

timmanon a dit…

des gangsters, de vrais mafiosi

Bravo le procès Candace Conti!! (Aucun rapport mais ça fait plaisir)
Cybermax

Anonyme a dit…

C'est stupide ton affaire croit- moi vous aimez vous arrêter sur des conneries mais jamais sur le bon coté des choses..