jeudi 28 juin 2012

Lettre aux parents Témoins de Jéhovah

Ancienne Gardienne de la paix, madame Sami Kleppe connaît bien les Témoins de Jéhovah, qui figurent parmi ses amis. Suite à l'affaire Candace Conti, elle écrit ce qui suit dans une lettre publiée dans un journal local du Montana. Souhaitons que ses propos sauront éclairer et toucher les parents Témoins de Jéhovah qui ont à coeur le bien-être de leurs enfants.

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Texte :

Des agresseurs d'enfants protégés par la charte de leur religion

Nombre de Témoins de Jéhovah sont des personnes sincèrement croyantes qui aiment leurs voisins et leurs propres enfants. J'ai le plaisir de compter plusieurs amis parmi eux. Mais la politique adoptée par les responsables religieux, telle que l'expose l'actuel manuel pour les anciens “Faites paître le troupeau de Dieu”, a bien souvent pour effet de protéger les agresseurs plutôt que les victimes.

Aujourd'hui une femme valeureuse redonne du courage aux victimes d'abus sexuels. Un jury en Californie a récemment accordé 28 millions de dollars de dommages et intérêts à Candace Conti, qui accuse les Témoins de Jéhovah d'avoir permis à un membre adulte de la congrégation de Fremont, Jonathan Kendrick, d'abuser d'elle quand elle était enfant au milieu des années 1990 (New York Times du 17 Juin 2012), notamment au cours de sorties de prédication organisées.

Les responsables du culte des Témoins de Jéhovah étaient au courant d'agressions d'enfant déjà commises par Kendrick, mais ils se sont gardés de prévenir quiconque, lui permettant ainsi de côtoyer librement les enfants de la congrégation, et même de les emmener avec lui de porte en porte pour les former à la prédication publique. Ils ont pleinement admis être au courant de la situation de Kendrick. Une lettre envoyée en Novembre 1993 au siège de la Watchtower à New York qui documente les agissements de Kendrick a été retenue comme pièce à conviction au cours du procès.

Pendant deux ans, Mme Conti a tenté d'obtenir un changement de la charte de cette religion, mais sans succès. Ce fait a été admis par deux anciens devant la cour et étayé par une lettre des anciens de Fremont de 2009 qui figure comme pièce à charge. Mme Conti les a finalement traduits en justice pour sensibiliser le public, avec l'espoir que sa religion finisse enfin par adopter une politique de protection de l'enfant.

Cette affaire me touche de près, car la mère de Candace Conti a vécu à Libby, elles font donc pour ainsi dire partie de notre communauté.

De plus amples informations sur cette affaire et de nombreuses autres sont disponibles sur internet. Les lecteurs peuvent trouver de nombreuses vidéos sur YouTube reprises de Dateline NBC et CNN qui documentent la politique de la société Watch Tower et des Témoins de Jéhovah en la matière.

Les enseignements et les règles de la religion des Témoins de Jéhovah sont assurés par un organe ecclésiastique connu sous le titre religieux de “l'esclave fidèle et avisé”. Selon les écrits mêmes des Témoins de Jéhovah, ce groupe d'individus est “utilisé pour publier des informations sur l'accomplissement des prophéties de la Bible et fournir la direction en temps opportun permettant d'appliquer les principes bibliques dans la vie quotidienne” et pour superviser tous les aspects religieux du quotidien des Témoins de Jéhovah et de leurs enfants.

Une incertitude plane désormais au sein de la religion des Témoins de Jéhovah quant à la réalité concrète de ce corps ecclésiastique. L'année dernière, au cours d'une affaire judiciaire en Australie, au cours de laquelle le Collège Central des Témoins de Jéhovah a été accusé d'infractions pénales à l'encontre des lois de protection de l'enfance, les représentants légaux de la Société Watch Tower ont fait valoir devant la cour des Magistrats que “l'esclave fidèle et avisé” n'existe pas en tant que corps de chrétiens et ne devrait donc pas être mentionné dans les pièces à charge. Selon leur argumentation principale, ce ne serait rien de plus qu'un “arrangement théologique”.

Quand bien même cette religion nie l'existence de son propre corps législatif, cela n'explique pas pourquoi ils n'ont pas élaboré une politique officielle de protection des enfants, alors qu'apparemment de nombreux membres du mouvement l'ont réclamée pendant des décennies. En revanche, ils semblent appliquer une politique interne prévue pour traiter des abus d'enfants, mais pas pour les empêcher.

Il apparaît que cette gestion de la maltraitance infantile a contribué aux violences faites à Candace Conti, aujourd'hui âgé de 26 ans. Elle a été agressée à plusieurs reprises par Kendrick, membre de sa congrégation qui servait en tant que ministre ordonné du culte des Témoins de Jéhovah, alors qu'il était enregistré comme délinquant sexuel en Californie.

Sur le site médiatique officiel des Témoins de Jéhovah, sous la rubrique “Protection des enfants” [www.jw-media.org/aboutjw/article23.htm], j'ai trouvé cette déclaration:
“Quand un Témoin de Jéhovah est accusé d'avoir abusé d'un enfant, les anciens de la congrégation locale sont tenus d'enquêter. Deux anciens se réunissent séparément avec l'accusé et l'accusateur pour entendre ce que chacun dit sur la question. Si l'accusé nie l'accusation, les deux anciens peuvent prendre des dispositions pour que lui et la victime réaffirment leur position en la présence l'un de l'autre et celle des anciens. Si au cours de cette confrontation l'accusé nie toujours les accusations et qu'il n'y a personne d'autre pouvant les étayer, en la circonstance les anciens ne peuvent prendre aucune mesure au sein de la congrégation.”
Le mouvement fonde sa politique des “deux témoins” sur Deutéronome 19:1-5 et Matthieu 18:15-17.

Le Manuel du mouvement “Faites paître le troupeau de Dieu”, déclare ceci concernant la manière de traiter les accusations d'abus d'enfants:
“Si l'accusateur ou l'accusé refusent de participer à cet entretien avec les anciens, ou si l'accusé continue de nier les faits qui lui sont reprochés par un seul témoin et que la réalité de la faute ne soit pas établie, les anciens remettront l'affaire entre les mains de Jéhovah.” [Page 73 §39].
La société Watchtower Bible and Tract Society, qui fédère la religion des Témoins de Jéhovah, n'est pas poursuivie uniquement parce qu'un homme a commis une agression sexuelle sur des enfants, car de tels abus peuvent se produire dans n'importe quelle organisation, et, autant que je puisse en juger, la fréquence d'actes pédophiles recensés au sein de la religion des Témoins de Jéhovah n'est pas différente de ce qu'on observe dans n'importe quel autre groupe.

Ce qui fait de l'affaire Candace Conti un cas sans précédent, c'est la politique du secret de ce mouvement que les autorités judiciaires ont mises en évidence. Les personnels sociaux et les enseignants sont tenus par la loi de signaler la maltraitance d'enfants. La Watchtower Bible and Tract Society a cependant estimé qu'elle pouvait se soustraire à cette loi. Selon de nombreuses victimes qui aujourd'hui sortent de l'ombre, le mouvement a fait taire les victimes pendant des années et a même excommunié ceux qui tentaient d'obtenir de l'aide.

Cette situation a aggravé leur douleur en les coupant de la congrégation et de leur la famille, tout en leur inculquant la peur de se faire aider par des thérapeutes, des ministres du clergé ou d'anciens membres de leur religion. Tout ceci est clairement documenté par l'association Silentlambs (www.silentlambs.org), qui a été créée afin de faire entendre la voix de ces victimes réduites au silence et de leur rendre justice.

Il est sans doute difficile d'imaginer pour un certain nombre de croyants respectables et sincères qui fréquentent le mouvement des Témoins de Jéhovah que celle-ci soit devenue un refuge pour des agresseurs d'enfants sous le couvert de la politique du secret instituée par la Watchtower, une politique dangereuse menée au sein d'une organisation recrutant de nouveaux convertis dans notre communauté et qui aujourd'hui est mise en lumière grâce à l'affaire Candace Conti.

En tant qu'ancienne Gardienne de la paix, je voudrais soumettre cette pensée à la méditation des Témoins de Jéhovah: Si une personne est violée et assassinée et qu'il n'y ait personne au moment des faits, y a-t-il quand même un témoin qui puisse en attester ?

La réponse dans la plupart des cas est oui. Quand une telle chose se produit, le corps de la victime peut être considéré comme son propre témoin. Par la collecte de preuves physiques, l'enquête médico-légale permet au corps de témoigner pour lui-même. Nombreux sont ceux qui passent le restant de leurs jours sous les barreaux uniquement grâce à de telles preuves.

Il n'en est pas autrement des crimes pédophiles. Si les autorités sont contactées en priorité, des preuves peuvent être recueillies. Celles-ci constituent le 'deuxième témoin' de votre enfant. Mais si vous refusez à votre enfant l'aide de ces autorités spécialement formées dans ce but, ce 'deuxième témoin' sera réduit au silence à jamais.

Pourquoi rien n'a-t-il changé ? Pourquoi est-ce  si difficile pour une religion qui se targue de son amour pour l'humanité de constituer une véritable politique de protection des enfants ? Je vous supplie, toutes et tous, de réfléchir à cette question et d'exiger un changement dans la politique de la Watchtower.

Sami Kleppe, Libby

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Article original :

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2 commentaires:

Unknown a dit…

Merci pour l'info!
Il est vrai que la politique de l'ESF doit changer. Mais qu'il faille attendre ce genre de publicité pour faire "bouger les chose" est lamentable de leur part.

Anonyme a dit…

Être et paraître, tel est la devise pratiquée par les TJ. Chacun est libre d'accepter ou de refuser ce que lui demande le directeur de conscience de sa croyance ou religion. Mais dans le cas des TJ il ne s'agit pas d'une religion mais d'une secte et dans cette secte les adeptes ne sont pas critiques mais aliénés ce qui sous-tends une dépendance total à Jéhovah et à ces principes. Ils faut savoir qu'on ne dialogue pas avec une secte, on s'y soumet!
 Le principe directeur des TJ est de ne pas attirer le discrédit sur leur organisation par des scandales afin de ne pas jeter l'opprobre sur le nom qu'ils portent. Le file d'Ariane de leur dogme est en opposition avec les gouvernements en place. Actuellement ils ne sont que passif essayant de colmater des brèches scandaleuses mais ils sont instruits par leur dogme au quotidien pour être des membres actifs. C'est une poudrière qui est à classer dans les sectes apocalyptiques des plus dangereuses. Ils brisent les familles en les  dissociants, ils se dé-humanisent en faisant voler en éclats les valeurs humaines que sont la compassion et l'altruisme en donnant une nouvelle valeur à l'amour. Comme le dit un verset de Job qu'ils connaissent bien, "peau pour peau, tous ce que l'homme a, il le reniera pour sauver sa peau". C'est ce qu'ils font très égoïstement, reniant tout l'humanisme pour obtenir une vie éternelle illusoire. 
Il y a deux conditions pour que la vie ait un sens. Premièrement qu'elle ait une fin et deuxièmement qu'elle soit tissé de hasard. Donc si ont veux éliminer la fin et si ont veut éliminer le hasard et bien ont élimine tout simplement en même temps le sens même de la vie et du même coût le sens de la mort. Or, c'est La mort qui nous permet d'apprécier le sens de la vie et de lui donner toute sa valeur, aussi de la défendre!