Un sophisme est un raisonnement d’apparence logique, mais dont les prémisses ne justifient pas correctement la conclusion. Exemple : les oiseaux volent dans le ciel, les avions volent dans le ciel, donc les avions sont des oiseaux. Les sophismes figurent parmi les techniques de propagande souvent employées
pour convaincre ou désinformer. En voici quelques-uns que vous rencontrerez
probablement souvent :
- Sophismes de
causalité
Post hoc
ergo propter hoc
(latin pour « après ce fait, donc en raison de ce fait »)
(latin pour « après ce fait, donc en raison de ce fait »)
Ce sophisme consiste à attribuer une relation de cause à effet (X a causé Y) au
simple fait que X a précédé Y dans le temps. On y fait face chaque fois que
quelqu’un prétend ou implique qu’un événement qui a lieu avant un autre
événement l’a forcément causé.
Exemple : Les
études prouvent que 83 pour cent des personnes mortes dans des accidents
d’automobile l’an dernier avaient consommé de la crème glacée le mois
précédent. Un chiffre qui suggère fortement que la crème glacée cause des
accidents d’automobile.
Troisième facteur
C’est une variation du sophisme précédent, où l’on affirme que X est la cause
d’Y, alors que X et Y ont été tous deux provoqués par un troisième facteur, Z.
Le fait d’omettre un troisième facteur permet souvent d’invoquer des chiffres
statistiques impressionnants à l’appui d’une causalité pourtant inexistante.
Exemple : Chaque
année, quand le goudron de la chaussée commence à fondre, les gens meurent de
coups de chaleur. Il semble donc que les émanations de goudron causent des coups
de chaleur. (En fait, le goudron qui fond et les coups de chaleur sont dus tous
les deux… à la chaleur. )
- Sophismes dont
les prémisses impliquent la conclusion
Pétition
de principe
Parmi tous les sophismes qui impliquent que la conclusion à laquelle on veut en
venir est exacte a priori, les pétitions de principe sont les plus courantes.
Elles commencent souvent par « Tout le monde sait que… » ou « Il est
universellement reconnu que… » Faites attention cependant : ce type de phrase
peut aussi introduire un fait exact. Tous les Américains adultes savent (ou
devraient savoir) que Washington est la capitale des Etats-Unis, et ce n’est
pas une erreur de raisonnement d’accepter automatiquement ce fait comme
certain. Ne figurent parmi les pétitions de principe que les faits non encore
prouvés qui sont présentés comme vrais.
Exemple : «
C’est une vérité universellement reconnue que les célibataires jouissant de
bons revenus ne peuvent qu’être à la recherche d’une épouse. » (Jane Austen
était parfaitement consciente de l’ironie de cette déclaration, tirée de son
roman Pride and Prejudice.)
Question complexe
Ce type de sophisme demande une réponse unique à deux questions sans rapport ou
n’ayant qu’un très lointain rapport l’une avec l’autre.
Exemple : (Un
politicien aux électeurs) « Voulez-vous élire mon adversaire et prendre le
risque de voir notre système de sécurité sociale et de santé faire faillite
dans les cinq ans ? »
- Sophismes qui déplacent le
sujet
Ad hominem
(«
Ad hominem » signifie en latin « contre l’homme »)
Il est normal et logique de s’interroger sur le bien-fondé des arguments d’une
personne qui s’appuie sur sa seule autorité pour les justifier. On ne parle
cependant de sophismes « ad hominem » que quand de tels arguments ou points de
vue sont rejetés sous prétexte de fautes morales qui n’ont rien à voir avec la
question.
Exemple : Comment
peut-on croire à la théorie de l’évolution alors que tout le monde sait que
Darwin trompait sa femme ?
Argument d’autorité
Il consiste à présenter un argument comme vrai pour la seule raison qu’il est
endossé par une figure d’autorité ou prétendument d’autorité. Tenir compte du
témoignage d’un spécialiste est normal et souhaitable. On se retrouve dans le
domaine du sophisme quand : 1) la figure d’autorité n’a aucune expérience dans
le domaine en question; 2) les avis divergents d’autres autorités dans le
domaine sont passés sous silence ; 3) on accorde au témoignage de la figure
d’autorité un poids disproportionné comparé aux autres facteurs.
Exemple : «
Mangez des céréales Wheaties pour être comme moi », déclare Michael Jordan.
(Michael Jordan est très bien placé pour donner des conseils sur le
basket-ball, mais son expertise en nutrition reste à prouver)
Argument de la « pente glissante »
Ce type de sophisme consiste à tenter de détourner l’attention de la question
en jeu en prétendant qu’une certaine décision dans ce domaine mettra en marche
une série de conséquences de plus en plus graves, qui sont présentées comme liées
au problème alors qu’elles dépendant en réalité d’une multitude d’événements
qui auront lieu ou non dans le futur.
Exemple : En
bannissant les propos d’une grande violence ou obscénité, nous ouvrons la porte
à un flot de censure qui ne s’arrêtera plus. D’abord la pornographie violente,
mais après Penthouse et Playboy, puis James Joyce, D.H. Lawrence, Chaucer,
Byron et Shakespeare. D’ici peu, nous vivrons dans un état fasciste où plus
personne n’aura aucun droit.
- Sophismes réducteurs
Faux
dilemme
Il consiste à proposer seulement deux choix à une situation donnée alors qu’il
existe d’autres possibilités. Il convient de séparer les vrais des faux
dilemmes. Ainsi, il existe des cas où seules deux positions sont possibles :
toute créature dans le monde soit est un chien, soit n’en est pas un. Mais il
serait faux de dire que toute créature dans le monde est soit un chien, soit un
chat. Dans la plupart des situations, il existe divers moyens rendant
inacceptable le fait de devoir choisir entre seulement deux options.
Exemple : Le
langage politiquement correct a pour but de combattre le racisme. Ou vous
soutenez nos efforts pour bannir les propos haineux, ou vous êtes raciste.
(Cette déclaration ne tient pas compte du fait qu’il y a d’autres moyens de
combattre le racisme que le langage politiquement correct. Et que
l’indifférence ne se confond pas avec le racisme. )
- Sophismes qui font appel aux
émotions
Appel à la
tradition
Il s’appuie sur l’idée qu’une façon de faire est « bonne » parce que conforme à
la tradition, confortable et acceptée depuis toujours. Les appels à la
tradition et au respect du statu quo n’ont rien de logique, mais ont souvent
beaucoup d’impact parce que vieilles idées et vieilles habitudes, même si elles
ne sont pas parfaites, n’ont du moins rien de menaçant.
Exemple : Autoriser
la présence de femmes au Club serait un désastre ; ce dernier est réservé aux
hommes depuis 135 ans ! Pourquoi briser maintenant la tradition ?
Appel à la peur
Ce sophisme s’appuie sur l’idée que si on adopte ou non certaines décisions, les pires conséquences sont à craindre.
Exemple : Si
nous ne réformons pas les lois sur l’immigration, nous aurons bientôt épuisé
les ressources futures de nos enfants au profit d’étrangers entrés illégalement
au pays.
Argument de la popularité
Cela consiste à prétendre que vous devriez croire ou faire quelque chose parce
que beaucoup de gens le pensent ou le font. Pour beaucoup d’entre nous, il est
rassurant de faire comme tout le monde.
Exemple : Ne
soyez pas la dernière personne à acheter une ClipperMeister – la seule tondeuse
au monde qui garantit à vos voisins que vous vous préoccupez autant qu’eux de
l’embellissement du quartier.
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Source : http://www.media-awareness.ca/francais/ressources/educatif/documents_accompagnement/sophismes.cfm
Adaptation autorisée de Logical Fallacies, par Dr Michael Austin, professeur
d’anglais à la Shepherd University, Shepherdstown, Virginie occidentale.
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